Le problème de l'éjaculation précoce

Le problème de l'éjaculation précoce tend à se résorber avec l'âge. Sans aller jusqu’à dire qu'il disparaît totalement, ce qui peut néanmoins parfois arriver, la majorité des hommes vieillissants remarquent qu'ils parviennent de mieux en
mieux à se retenir. Pourquoi au juste ? «C'est difficile à dire. Peut-être que la peau du pénis perd un peu de sa sensibilité, dit le Dr McCormack. Quoi qu'il en soit, les hommes ne sont pas obligés
d'attendre la cinquantaine pour espérer régler leur problème. Nous pouvons les aider bien avant !»
Le médecin peut prescrire un antidépresseur pour traiter l'éjaculation précoce. Non pas parce qu'il pense que son patient a un problème psychologique, mais parce que ce médicament agit
sur le système nerveux et retarde le réflexe éjaculatoire. Au début du traitement, le patient doit prendre un comprimé par jour pendant trois semaines.
Ensuite, ce sera un comprimé deux ou trois heures avant la relation sexuelle, et ce, chaque fois qu'il prévoira avoir des rapports intimes. L'antidépresseur n'a pas vraiment d'effets secondaires sur l'humeur et sur la fonction érectile, car le patient n'en prend pas aussi souvent que les gens
qui souffrent de dépression et parce que les doses sont moins fortes. C'est un traitement efficace dans 70 % des cas. Néanmoins, sa connotation psychologique en rebute plus d'un, tout comme le fait d'être « obligé » de prévoir à l'avance quand on va faire l'amour.
Il est également possible d'avoir recours à des injections intracaverneuses sur ordonnance médicale. Ce sont les mêmes injections que celles qui sont utilisées pour le dysfonctionnement érectile
« Comme l'érection persistera après l'éjaculation (elle dure une heure en moyenne), l'homme pourra jouir et continuer à faire l'amour. Ce traitement n'aide pas à éjaculer moins vite, mais
il permet à l'homme de contourner le problème en lui donnant une érection qui durera assez longtemps pour satisfaire le ou la partenaire. » Les injections peuvent être faites au besoin et pas
nécessairement à chaque relation sexuelle. C'est à l'homme d'en choisir la fréquence (une fois sur deux, une fois sur quatre, toutes les fois, etc.). Il arrive, dans certains cas d'anxiété de performance, que l'homme reprenne confiance en ses moyens et qu'il parvienne à se
passer du médicament. Par ailleurs, certains médecins suggéreront la rééducation
périnéale, soit l'affermissement des muscles du plancher pelvien.
Pour cela, on pratique les exercices de Kegel ; ce sont les mêmes exercices que ceux que l'on recommande aux nouvelles accouchées. Chez les hommes, ils peuvent contribuer à retarder l'éjaculation. Que faut-il faire ? C'est tout simple : on contracte les fesses et l'anus pendant 10 secondes et on répète l'exercice pendant une quinzaine de minutes, deux à trois fois par jour. En outre, certains hommes parviennent à retarder leur jouissance en contractant ces mêmes
muscles pendant qu'ils font l'amour. C'est un petit truc facile et qui s'avère parfois efficace.
Afin de diminuer la sensibilité du pénis, on trouve, en vente libre, des crèmes anesthésiantes spécialement conçues à cet usage. « C'est une substance qui insensibilise la peau, un peu comme le topique utilisé par les dentistes. On l'applique sur le gland (le bout du pénis), on enfile un condom (il favorise l'absorption de la crème et évite d'insensibiliser le vagin) et on attend 30 minutes, le temps que le produit ait bien pénétré dans la peau. Il faut garder le condom en faisant l'amour pour être sûr que ça fonctionne. C'est une solution simple, qui ne coûte pas
cher, qui peut convenir à ceux qui n'aiment pas prendre de médicaments et qui donne des résultats dans 40 % des cas. »
Cependant, il y a un aspect technique qui ne plaît pas à tout le monde (il est parfois compliqué de garder le condom pendant la période d'attente). En outre, le fait d'insensibiliser la peau du pénis diminue le plaisir de l'homme. Certains ont même des difficultés à conserver leur érection.
«Certains éjaculateurs précoces portent un ou plusieurs condoms lors de leurs relations sexuelles ; cela leur permet de réduire l'excitation et de retarder la jouissance. Mais ce n'est pas efficace pour tout le monde. Il y a aussi des hommes qui préfèrent se masturber ou se faire masturber pour avoir un premier orgasme “ rapide “. Ils sont ensuite capables de “ tenir “ plus longtemps avec leur partenaire. Enfin, certains se maîtrisent mieux quand ils augmentent la fréquence de leurs rapports sexuels. Il est certain qu'il n'est pas facile de se retenir quand on ne fait l'amour qu'une fois par mois !» Étant donné qu'il n'y a aucune contre-indication pour chacune de ces méthodes, on peut les essayer toutes et choisir celle qui convient le mieux. Qui plus est, la sexothérapie donne d'excellents résultats (jusqu'à 95 % d'efficacité), même dans les cas d'éjaculation précoce d'origine physique, comme l'hypersensibilité cutanée du pénis. Le sexologue pourra, entre autres, aider son patient à « apprivoiser» son excitation sexuelle. En combinant sexothérapie et traitement médical, les hommes qui ont ce problème maximisent leurs chances de réussite
L'ÉJACULATION RETARDÉE ET L'ANÉJACULATION
Ce sont deux troubles sexuels pour lesquels la médecine n'a malheureusement pas de traitement. «À part changer les médicaments qui peuvent être responsables de l'éjaculation retardée, le médecin n'a pas vraiment de solution à proposer. Le sexothérapeute peut être appelé en renfort, car on pense qu'une composante psychologique est souvent liée à ce problème. Sinon, le patient n'a d'autre choix que d'apprendre à vivre avec. Mais, souligne le Dr McCormack, la plupart des hommes qui sont aux prises avec ces troubles sexuels (ils sont cependant très rares) s'en accommodent plutôt bien. Ça ne les dérange pas vraiment une fois qu'on leur a
assuré que ce n'est pas dangereux pour leur santé. »
Mais que se passe-t-il pour ceux qui veulent fonder une famille ?
«Ils finissent par y parvenir de façon naturelle. En effet, éjaculation retardée et anéjaculation ne signifient pas qu'il n'y a jamais d'éjaculation. Dans un cas comme dans l'autre, des relations
sexuelles “ normales “ sont de temps en temps possibles (1 fois sur 5, sur 10 ou sur 20, par exemple). » Dans le pire des cas, on peut avoir recours aux techniques de reproduction médicalement assistée. Quant au sexologue, il cherchera à cerner la cause réelle du problème et il suggérera des exercices pour apprendre graduellement à se détendre, à apprécier la relation sexuelle et à se laisser aller à la jouissance.
L'ÉJACULATION RÉTROGRADESi c'est un médicament qui en est responsable, le médecin modifiera la prescription. Sinon, l'éjaculation rétrograde est un problème irréversible. En principe, du moins. «Avant de les opérer, les chirurgiens ont prévenu les hommes qui ont subi une prostatectomie transurétrale pour l'hypertrophie bénigne de la prostate que la chirurgie affecte le mécanisme qui coordonne la fermeture entre la vessie et l'urètre, entraînant ainsi l'éjaculation rétrograde. Comme cela concerne presque toujours des hommes qui ont dépassé 50 ans et qui n'ont généralement plus
l'intention de fonder une famille, le fait que leur sperme aille dans la vessie plutôt que de sortir du pénis ne les dérange pas vraiment.»
Toutefois, la situation est différente pour un jeune homme qui a subi une opération pelvienne (une chirurgie pour un cancer des testicules, notamment). Quand il sera prêt à fonder une famille, le médecin pourra lui prescrire un médicament (un alphastimulant).
Ce produit a la propriété de fermer temporairement le col de la vessie. Il en prendra pendant la période nécessaire à la conception.
Les médecins n'en recommandent pas l'usage à long terme, car il provoque des palpitations cardiaques. Ces problèmes médicaux ne requièrent habituellement pas l'intervention d'un sexologue.
LA MALADIE DE LA PEYRONIELe médecin doit attendre que la maladie ait fini d'évoluer avant d'intervenir, c'est-à-dire de 12 à 18 mois. En attendant, bien des hommes s'inquiètent et cherchent une façon d'arrêter la progression de la déformation. Sur Internet ou dans des magazines, ils peuvent trouver quantité de remèdes «miracles », que ce soit par ultrasons ou à l'aide de pilules ou d'onguents de toutes sortes. En général, rien de cela ne fonctionne.
«Une des solutions potentiellement efficaces est la vitamine E.
Comme c'est un antioxydant, elle peut aider à préserver une certaine élasticité du pénis et à diminuer l'importance de la déformation. Il est recommandé d'en prendre un comprimé de 400 UI (unités internationales) par jour. Le patient n'a pas besoin d'aller consulter un médecin pour essayer ce “ traitement ”.
Il peut se le procurer à la pharmacie. Les crèmes à base de vitamine E à appliquer sur le pénis
ne sont pas conseillées, car la crème s'absorbe moins bien que les pilules. Prendre les comprimés et appliquer la crème en même temps ne donnera pas de meilleurs résultats.
Lorsque la période aiguë est terminée, le médecin décide avec le patient de ce qu'il convient de faire, la décision étant basée sur la qualité de vie. Si la verge est presque revenue à la normale et si cela ne nuit pas vraiment aux relations sexuelles, le patient ne voudra sans doute pas subir d'intervention chirurgicale.
Par contre, si la courbure est très prononcée, il demandera généralement à être opéré. « L'opération consiste à remettre le pénis droit. Ce n'est pas une chirurgie majeure, le patient rentre chez lui après 24 heures et ce n'est pas aussi douloureux qu'on pourrait le penser, car les méthodes d'anesthésie modernes sont très efficaces. Il pourra recommencer à faire l'amour quatre semaines plus tard. »
Ce qu'il faut savoir, c'est que l'opération raccourcira le pénis d'un ou deux centimètres. C'est inévitable si l'on veut qu'il redevienne droit. Évidemment, le patient en est prévenu et c'est à lui de décider de se faire opérer ou non. «Mais la plupart des hommes jugent que cela vaut mieux que de ne plus pouvoir faire l'amour du tout. »
En outre, le chirurgien pratiquera sans doute aussi une circoncision afin de faciliter la guérison de la peau.
«Les médecins ne font que redresser le pénis ; ils n'enlèvent pas la plaque fibreuse (une opération permet de le faire, mais elle est très difficile et risquée pour le pénis du patient, et elle ne donne pas vraiment de meilleurs résultats). Par contre, les hommes dont le bout du pénis était mou en avant de la plaque conserveront ce problème. » Après l'opération, il faut donc traiter ces cas comme les autres cas de trouble de l'érection, notamment par le sildénafil (Viagra). Mais il ne faut pas s'inquiéter : même si la plaque fibreuse reste en place après l'opération, il n'y a pas de risque que la maladie réapparaisse.
Le sexologue pourra intervenir afin d'aider l'homme à accepter sa nouvelle image corporelle et de lui faire comprendre qu'il peut continuer à avoir une sexualité tout aussi satisfaisante.
LE PRIAPISME
Comme on l'a vu au chapitre 3, le priapisme est un cas d'urgence. Si cela fait au moins quatre heures qu'on est en érection, il faut immédiatement aller à l'urgence. « Pour supprimer l'érection, on essaie d'abord de pomper du sang dans le pénis à l'aide d'une aiguille. Si cela ne suffit pas, on injecte un antidote dans le pénis (de l'adrénaline ou de l'épinéphrine), qui contractera les muscles péniens afin de faire refluer le sang dans l'organisme. Dans un cas comme dans l'autre, l'érection disparaît presque immédiatement. Si jamais cela ne marchait pas, on opérerait d'urgence pour drainer le sang. »
Il arrive que l'on garde le patient en observation pendant 24 heures, mais, en général, on le laisse rentrer chez lui. Le médecin voudra sans doute le revoir après quelques semaines pour s'assurer
que tout est rentré dans l'ordre. L'intervention du psychologue n'est pas nécessaire.
Si le patient attend plus de quatre heures pour consulter, l'accumulation de sang dans la verge risque de provoquer la formation d'un caillot impossible à dissoudre. Les médecins parviendront à supprimer l'érection, mais les dommages aux tissus du pénis seront irréversibles. L'homme ne pourra plus jamais avoir d'érections normales (seuls les implants péniens pourront alors l'aider).
LES TROUBLES DU DÉSIR
Si le trouble s'explique par un problème de santé (anémie, diabète, hypogonadisme, etc.), le médecin prescrit des médicaments pour soigner la maladie et tout devrait rentrer dans l'ordre. Si c'est une question de consommation d'alcool ou de drogue, on pourra tenter d'aider le patient à venir à bout de sa dépendance. Si c'est un médicament qui en est responsable, le médecin changera la prescription.
«Mais, autrement, ce sont des cas où l'aspect psychologique est très important et le mieux que le médecin puisse faire pour son patient, c'est de l'adresser à un sexologue », dit le Dr McCormack.
Chez le sexologue, l'évaluation sera particulièrement laborieuse, car les raisons qui peuvent avoir entraîné un trouble du désir sont multiples : arrivée d'un premier enfant, mésentente dans le couple, frustration sexuelle, monotonie, etc. Plusieurs pistes de traitement seront donc explorées dans le chapitre suivant.